Courrier aux praticiens par Robert Masson
Courrier aux praticiens,
Alors que partout les naturopathes échangent leurs techniques, se perfectionnent dans tous les domaines naturopathiques où chacun discourt des méthodes dans lesquelles il est passé maître, il faut parler du malade.
Pourquoi les méthodes appliquées correctement échouent parfois ?
Les méthodes échouent parfois car nous ne savons pas toujours quitter notre tour d’ivoire pour rentrer dans “la petite chaumière du cœur d’un malade”.
Devant toi, naturopathe, se tient un homme. Ce n’est pas toujours un problème de diététique, d’hygiène vitale, de vertèbres sub-luxées, de surmenage, de troubles organiques, c’est parfois un faible, un doux, un poète, un sentimental, un malheureux “cavalier de la malchance”. Il est venu vers toi avec ses grands yeux qui chaque jour perdent un peu de leur lumière.
Attention naturopathe, mon ami, ne le traite jamais de malade imaginaire (tu te ferais insulte, il n’y a pas de malade imaginaire), ne le presse jamais. Il est venu vers toi pour te parler, pour savoir peut être s’il existe encore des hommes capables d’entendre parler longtemps, longtemps d’autres hommes. Jamais tu ne devras le presser, laisse toujours un cœur se vider de sa souffrance et si l’on pleure souvent chez toi, c’est peut être, collègue, que tu es un grand bonhomme.
Attention aussi de ne jamais te prendre pour un pontife car, à partir de l’instant où l’on se croit grand (à tort ou à raison) on ne voit plus et on n’entend plus son malade, le bruit de la rivière qui coule en nous étouffe le murmure qui sort d’un cœur en détresse, et tout surpris tu apprendras peut être un jour que ce client qui fut pour toi un échec a été guéri par ce collègue débutant, presque ” sans bagage”… et tu diras : c’est incompréhensible.
Oui, c’est incompréhensible scientifiquement, naturopathiquement même, mais humainement ce collègue a su s’oublier totalement. Il a su faire du problème du malade son problème. Il a su s’en occuper comme s’il était le SEUL malade de sa journée.
Dans ce monde du quantitatif, du rationnel, du matériel qui broie sans pitié les doux, les poètes, les intuitifs, tu dois savoir ré-allumer la petite flamme qui donnera le courage de vivre.”
ROBERT MASSON
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